La plupart des articles de recherche traitant de la systémicité bancaire s’intéressent à la définition et à la mesure du risque systémique, ou bien tentent d’identifier les banques systémiques et de calibrer les exigences additionnelles de fonds propres adéquates. A notre connaissance, cet article est l’un des premiers à fournir des éléments empiriques sur l’impact que les récentes évolutions réglementaires concernant les banques systémiques d’envergure mondiale (GSIBs en anglais, pour ”global systemically important banks”) ont pu avoir sur l’activité de ces établissements. Nos observations portent sur un panel de 97 grandes banques internationales réparties dans 22 pays entre 2005 et 2016. Notre approche économétrique consiste à quantifier l’impact de la désignation du FSB sur l’activité de ces GSIBs, en tenant compte tant des différences structurelles qui peuvent exister entre les GSIBs et les non-GSIBs, que des évolutions structurelles (tendances générales) qu’a pu connaître le système bancaire sur cette période. Nous montrons que les GSIBs ont fortement freiné la croissance de leur bilan suite à leur désignation par le FSB, ce qui a débouché sur une amélioration supplémentaire de leur ratio de levier. En conséquence, un impact notable à la baisse est constaté sur la rentabilité de leurs fonds propres (”return on equity” - ROE). En revanche, aucune conséquence néfaste n’est observée sur la prise de risque par les banques ni sur leur capacité à financer l’économie. La réduction relative du levier financier des GSIBs illustre un processus de retour à la moyenne, contribuant à réduire l’écart existant entre les GSIBs et les non-GSIBs. Ce qui n’est pas le cas pour le coût des dépôts qui demeure structurellement plus faible pour les GSIBs comparé aux autres banques, tendant à montrer que le nouveau cadre réglementaire n’a pour l’instant pas encore mis fin aux distorsions dues au statut de ”too-big-to-fail” dont bénéficient les GSIBs.