La mise en place de l’Union bancaire a eu pour effet de consolider le modèle sectoriel de supervision en vigueur au sein de la zone euro, puisque la BCE ne peut recevoir de compétences prudentielles dans le secteur des assurances1. La BCE dispose donc d’une compétence prudentielle spécialisée qui s’exerce uniquement sur le secteur bancaire. Inversement, les autorités nationales de supervision ont pu adopter une approche plus globale, couvrant le plus souvent l’ensemble du secteur financier : au Conseil de surveillance prudentielle de la BCE, sur 19 autorités nationales représentées à ce Conseil, quinze ont une compétence couvrant aussi le secteur de l’assurance.
La verticalité de la supervision BCE est renforcée par le fait que deux champs importants de la surveillance des établissements sont du ressort national : la protection de la clientèle et la LCB/FT demeurent en effet de la compétence des États membres, et constituent des domaines-clés indispensables à une surveillance globale efficace.
L’ACPR, comme les autres ACN, conserve également la surveillance des entreprises d’investissement, y compris celles faisant partie d’un groupe bancaire.
La participation des ACN au MSU offre ainsi l’avantage de maintenir un lien entre les différents niveaux de surveillance qui peuvent avoir des interactions fortes, par exemple dans l’organisation de la fonction de conformité et son insertion dans la gouvernance d’ensemble des établissements opérant à l’échelle européenne.
Dans le domaine des sanctions disciplinaires, la BCE ne peut prononcer de sanction que pécuniaire et seulement pour les violations du droit européen directement applicable (CRR et ses propres règlements) ; pour tout autre manquement, y compris pour les établissements les plus importants et, le cas échéant leurs dirigeants, ce sont les ACN – l’ACPR pour la France- qui ouvrent une procédure disciplinaire et prononcent les sanctions, seulement sur requête de la BCE. La BCE retire l’agrément d’un établissement de crédit, important ou non, en particulier à la suite d’une sanction d’interdiction totale de l’activité prononcée par l’ACPR et à la demande de celle-ci.
L’ACPR, aux côtés des superviseurs nationaux européens, dispose ainsi de compétences spécifiques et essentielles dans le cadre du MSU. Elle apporte ses compétences particulières issues d’un modèle de surveillance original.
L’ACPR dispose en premier lieu des compétences liées au MSU à l’échelle de l’Union bancaire :
- instruction des demandes d’agrément ;
- participation à la supervision des banques les plus importantes ;
- supervision des banques hors établissements les plus importants ;
- collecte de données et analyse des marchés ;
- rôle de comparaison et d’étude d’impact pour calibrer les réglementations et les outils de supervision, tels les tests de résistance (stress tests).
L’ACPR apporte également des compétences propres transversales au secteur financier :
- supervision conjointe du secteur banques et du secteur assurances ;
- protection de la clientèle : coopération nationale (Pôle commun ACPR-AMF) et internationale ;
- LCB/FT : mission de contrôle de l’ACPR /coopération technique, négociations internationales et européennes ;
- supervision de la séparation des activités de marché et de dépôts ;
- règles applicables aux sociétés de crédit foncier.
L’ACPR, grâce à ses compétences transversales, peut mettre en œuvre une surveillance intégrée qui renforce la supervision exercée par la BCE, s’agissant par exemple de la supervision des conglomérats financiers et des établissements de bancassurance.
Les compétences de l’ACPR en matière de risque de mauvais comportement contribuent également à renforcer la confiance des parties prenantes et l’intégrité du secteur financier, grâce à une meilleure protection de la clientèle et à la supervision qu’elle exerce en matière de LCB/FT.
En définitive, le nouveau modèle de supervision européen se caractérise, d’une part, par le renforcement des compétences centrales sectorielles, tout particulièrement dans le cas de l’Union bancaire et, d’autre part, par des échelons nationaux qui ont dans beaucoup de cas élargi leurs compétences de manière transversale.
Les autorités nationales exercent des compétences qui complètent utilement la surveillance prudentielle du fait de leur proximité avec les assujettis, grâce à :
- une connaissance approfondie de l’environnement et des conditions opérationnelles de fonctionnement des établissements implantés sur le territoire national et à l'étranger
- l’expérience tirée de leurs autres fonctions.