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Séminaire Chaire ACPR : les investisseurs peuvent-ils freiner le « blanchiment vert » (« greenwashing ») ?
Dans le cadre des séminaires mensuels de sa Chaire sur le risque systémique, l’ACPR a accueilli le mercredi 5 février 2025 Olivier David Zerbib (CREST), qui a présenté son travail sur le « greenwashing » des entreprises et le rôle des investisseurs sensibles aux questions environnementales dans l’atténuation de cette stratégie.
Ce papier étudie 3 questions :
- quelles sont les incitations des entreprises à pratiquer le « greenwashing » ;
- quand les entreprises utilisent-elles la communication autour de l’environnement pour ce blanchiment vert ;
- quel rôle les investisseurs peuvent-ils jouer pour influencer les pratiques de greenwashing ?
Les auteurs examinent en particulier comment les investisseurs ayant des préférences pro-environnementales et qui pénalisent les écarts entre l’engagement des entreprises pour le climat et leurs actes influencent les pratiques de greenwashing de ces dernières. Grâce à un modèle d'équilibre dynamique, Olivier David Zerbib et ses coauteurs caractérisent la communication environnementale optimale des entreprises, les investissements verts, les politiques de greenwashing et expliquent les forces qui les animent. Les auteurs montrent notamment que entreprises pratiquent le greenwashing pour gonfler leur score environnemental au-dessus de leur impact environnemental fondamental, avec un effort et un impact qui augmentent avec les préférences pro-environnementales des investisseurs. Cependant, les décisions d'investissement qui pénalisent le greenwashing, les politiques qui augmentent la transparence et l'innovation technologique liée à l'environnement contribuent à atténuer cette pratique. Les résultats du modèle sont par la suite étayés par une analyse empirique qui s’appuie sur les données de Covalence, un fournisseur de données qui construit des scores de performance et de réputation environnementale pour des entreprises du monde entier, à une fréquence mensuelle. Cette analyse confirme que les entreprises pratiquent le greenwashing à travers leur communication environnementale, en fonction des changements récents dans leur score environnemental : une dégradation de leur notation les incite à accroître leur communication environnementale.
Lors des échanges avec l’auditoire, plusieurs interventions ont porté sur le rôle du régulateur dans les mécanismes identifiés et sur sa capacité à lui aussi agir sur les incitations des entreprises à ne pas recourir au greenwashing. Une question a porté sur les conflits d’intérêt pouvant exister entre les agences de notation environnementale et les entreprises et la manière d’intégrer cette problématique au modèle. Enfin, sur le plan méthodologique, des interrogations ont également été soulevées concernant le calcul du score environnemental utilisé, qui ne distingue pas spécifiquement les secteurs économiques les plus polluants.
Pour mémoire, les séminaires de la Chaire ACPR ont lieu en principe tous les premiers mercredis du mois et sont ouverts aussi bien au personnel de la Banque de France et de l’ACPR qu’à des participants extérieurs. Le 5 mars 2025, nous recevrons Mirco Rubin (EDHEC) qui présentera le papier « Green Window Dressing? », co-écrit avec Gianpaolo Parise (Tilburg University).
Mise à jour le 13 Février 2025