En assurance vie, les résultats techniques des principaux organismes d’assurance-vie ou mixtes sont légèrement orientés à la baisse par rapport à 2016. En assurance non vie, le marché s’inscrit néanmoins en progression, autant en termes de chiffres d’affaires que de résultat technique.

L’assurance vie poursuit son adaptation à l’environnement de taux bas.

L’assurance vie connait une augmentation de 1,7 % de son chiffre d’affaires entre 2016 et 2017 (cf. tableau 1). Cette tendance positive est également observée chez les groupes (+1,2 % par rapport à 2016). Ce sont, en grande partie, les acceptations en réassurance qui portent le taux de croissance, puisque celui-ci est ramené à +0,1 % (+0,1 % pour les groupes) si l’on considère seulement les affaires directes.

Sur les supports rachetables, l’année 2017 présente la collecte nette totale la plus faible sur les 5 dernières années (+5 milliards €) en raison de la décollecte nette observée - à un niveau historique - sur les supports en euros (-19,4 Md€), plus que compensée toutefois par une collecte nette record sur les supports en unités de comptes (+24,4 milliards €) ; cf. encadré.

De ce fait, le recul du poids des supports en euros (au profit des supports en UC) permet pour les assureurs vie de réduire l’impact des taux bas sur la rentabilité de leur activité.

Des résultats du marché de l’assurance non vie marqués par les événements climatiques de fin 2017.

La sinistralité en assurance non vie (entendue hors frais de gestion de sinistres) a augmenté de 3,8 % entre 2016 et 2017 - dont 3,5 % en affaires directes - (cf. tableau 3). De façon attendue, avec une progression d’environ +19,5%, la croissance des sinistres est nettement plus sensible pour les lignes d’activité portant une partie des risques catastrophes naturelles. Les évènements climatiques ont en effet été particulièrement sévères pour la France en 2017 (sècheresse importante, cyclone Irma qui a touché les îles de Saint Martin et Saint Barthélémy, etc.). Ce sont les sinistres acceptés en réassurance qui contribuent principalement à cette progression (+16,3 % pour les acceptations en réassurance et +1,9 % pour les affaires directes ; cf. tableau 4).

En parallèle, l’évolution du chiffre d’affaires en assurance non vie connait également une progression importante entre 2016 et 2017 (+4,1 %), principalement induite par les affaires directes (+3,6 % entre 2016 et 2017) ; cf. tableau 2.

Les organismes d’assurance ont bénéficié des dispositifs de réassurance en place. Ainsi, le ratio combiné net non vie hors santé se détériore peu (de 102 % à 103 % ; cf. graphique 5) en comparaison de ceux affectant les lignes d’activité liées au risque climatique et comprenant la réassurance (on observe par exemple un ratio de 154 % à fin 2017 pour la réassurance non proportionnelle liée aux dommages aux biens ; cf. tableau 5). La sinistralité exceptionnelle observée pour les réassureurs a cependant pu être absorbée en très grande partie par des reprises de la provision pour égalisation, permettant de lisser les résultats techniques sur plusieurs années.

La solvabilité des assureurs français se renforce en 2017.

La solvabilité, mesurée par le taux de couverture du capital de solvabilité requis (ou SCR en anglais) s’est significativement renforcée en 2017. Au 4e trimestre, les taux de couverture moyens s’établissent à 234 % pour les organismes (cf. graphique 11) et à 212 % pour les groupes (soit une augmentation de 12 points de pourcentage par rapport à la même période de 2016 pour les organismes et de 10 points de pourcentage pour les groupes). Le taux de couverture des organismes vie (217 %) reste plus faible que celui des organismes non vie (274 % au 4e trimestre 2017).

L’augmentation du ratio de solvabilité en 2017 s’explique principalement par la hausse de l’actif net, via la réserve de réconciliation, qui constitue l’essentiel des fonds propres retenus au numérateur du taux de couverture du SCR.

Globalement, l’évolution et le niveau du taux de couverture moyen des assureurs en France sont comparables à la moyenne des principaux organismes de l’Espace Économique Européen (EEE). En effet, le taux de couverture moyen des principaux assureurs de l’EEE connaît une augmentation continue en 2017 et atteint 239 %.en septembre 2017, proche du niveau observé en France à la même période (235 % en France au 3e trimestre 2017).

Baisse de la détention directe des titres obligataires du secteur financier.

Dans un contexte financier marqué par des taux d’intérêt historiquement bas, une très faible volatilité des marchés et un fort dynamisme des prix d’actifs, l'encours des placements des organismes d'assurance français s'élève à 2 599 milliards d'euros en valeur de marché au dernier trimestre 2017, en hausse de 4,3 % sur un an (cf. graphique 9).

En ne considérant que les détentions directes (hors identification des placements détenus via des fonds d’investissement), le poids des titres domestiques s’est accru dans les portefeuilles des assureurs, au détriment notamment des placements émis hors de l'Union européenne (cf. graphique 10). La part des placements gérés via des fonds d'investissement s’est également renforcée : ces placements représentent désormais le deuxième poste d’investissement direct des assureurs, derrière les obligations souveraines, mais à parité avec les obligations d'entreprises. Ces dernières ont en effet connu sur un an un tassement significatif, qu’explique presque intégralement la baisse des détentions directes de titres obligataires émis par des entreprises du secteur financier.

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Mise à jour le 7 Février 2025