La collecte brute tous supports atteint un niveau record au premier semestre 2024 (sur la série semestrielle collectée depuis 2011), s’établissant à 80,6 milliards d’euros (+9,2 Mds € /+12,9 % par rapport au premier semestre 2023) (cf. Graphique 1). La progression de la collecte brute est principalement due à celle des supports en euros dont la collecte s’élève à 48,9 milliards d’euros (+7,8 Mds € /+19,0 %). La collecte sur les supports en unités de compte est également en hausse par rapport à la même période en 2023 et atteint 31,7 milliards d’euros (+1,4 Md €/+4,5). La part de celle-ci dans la collecte brute tous supports est en baisse au premier semestre 2024 (-3,1 points de pourcentage sur un an) et s’élève à 39,4 %. 

Parallèlement, les rachats ont décru au premier semestre 2024 à 41,8 milliards d’euros tous supports confondus (cf. Graphique 2), soit 5 % de moins qu’au premier semestre 2023. Les rachats sur les supports en euros diminuent nettement (-4,2 Mds € /-12,3 %), tandis que les rachats sur les supports en unité de compte enregistrent une hausse notable (+2 Mds € /+19,4 %), mais qui peut être reliée à une progression importante des encours ces dernières années. Le ratio rachats sur primes s’élève à 51,8 % au premier semestre 2024, en baisse par rapport à la même période en 2023 et se situe parmi les niveaux historiques les plus faibles (moyenne de long terme de la série (2011- 2023) de 60 %). Le montant des sinistres du premier semestre 2024 diminue également et s’établit à 23,4 milliards d’euros (-0,6 Md €/-2,5 % relativement au premier semestre 2023). Comme l’année précédente, l’évolution des sinistres enregistrée au premier trimestre est imputable au pic de mortalité survenu en fin d’année précédente et début d’année en cours du fait de la grippe hivernale (cf. Graphique 3). 

La collecte nette sur les supports rachetables en assurance-vie est de 15,4 milliards d’euros au premier semestre 2024, un montant 4,6 fois plus élevé qu’au premier semestre 2023 (3,4 milliards d’euros) (cf. Graphique 5), et établit un nouveau pic historique sur la série collectée depuis 2011. La collecte nette des supports en euros est en forte progression au premier semestre 2024, redevenue positive (à 1,7 milliard d’euros), après des valeurs négatives depuis 2020 (-18,6 milliards d’euros au premier semestre 2023). La collecte nette sur les supports en unités de compte, bien qu’en recul de 37,5 % par rapport à 2023, reste soutenue à 13,7 milliards d’euros sur la période, et contribue à 89,2 % au niveau de la collecte nette. Les arbitrages sont en faveur des supports en euros (2,7 milliards d’euros), contrairement au premier semestre 2023 (5,1 milliards d’euros en faveur des supports en unités de compte) (cf. Graphique 4).

Sur la période de juillet et août 2024, la collecte nette en assurance-vie tous supports s’établit à 2,4 milliards d’euros, redevenue positive, comparée à la même période en 2023 (-2.7 Mds €). Cette progression est due, tout comme pour le premier semestre 2024, à l’effet combiné d’une hausse sur la collecte brute et de la baisse des rachats, en particulier sur les supports en euros. 

L’activité d’assurance non vie continue sa progression au premier semestre 2024.

Les primes acquises d’assurance non vie en affaires directes ont augmenté de 5,6 % entre le premier semestre 2023 et le premier semestre 2024 (cf. Tableau 2). Les sinistres d’assurance non vie en affaires directes, pris dans leur ensemble, ont également augmenté de 4,1 % sur la même période (cf. Tableau 2). La hausse du volume des primes s’observe surtout sur les trois plus gros secteurs de l’assurance non vie : les frais médicaux (5,9 %), l’assurance automobile (6,4 %) et l’assurance incendie et dommages aux biens (7 %) (cf. Tableau 3). Sur ce dernier, les sinistres ont diminué de 2,1 % entre fin juin 2023 et fin juin 2024, alors que les deux premiers ont encore vu leurs sinistres augmenter de 4,5 % sur la même période (cf. Tableau 4).

Concernant l’activité de santé non vie, les primes et les sinistres en affaires directes augmentent significativement entre le premier semestre 2023 et 2024, respectivement 5,8 % et 4,0 %. C’est notamment le cas des frais médicaux (cf. Tableaux 3 et 4).

Après une très nette dégradation en 2022 liée en particulier au choc inflationniste, le ratio combiné de l’ensemble des lignes d’activité non vie s’est stabilisé depuis 2023 à un niveau supérieur à celui de la période antérieure à ce choc, atteignant 97,3 % fin juin 2024 (cf. Graphique 7). Après une nette amélioration du ratio combiné de l’assurance santé (vie et non vie) au premier trimestre 2024 (91,8 %), il s’est dégradé pour atteindre 97,1 % à fin juin 2024. À l’opposé, le ratio combiné des activités de l’assurance non vie hors santé s’est amélioré, passant de 101,6 % à 99,8 % sur la même période.

En effet, l’inflation des services d’assurance non vie destinés aux particuliers a été significativement inférieure à l’inflation générale en 2022 et 2023 (cf. graphique 8), alors même que le coût des pièces de rechange automobile et des services de réparation du logement, le coût de la réassurance et celui des catastrophes climatiques augmentaient fortement. En juin 2024, l’inflation des services d’assurance non vie atteint un rythme élevé, 7,9 % en glissement annuel, cette hausse rapide concernant ses trois composantes, habitation, santé et auto.

L’allocation de l’actif des assureurs a peu évolué au 1er semestre 2024.

Les placements des organismes d'assurance français s’élèvent à 2 626 milliards d'euros en valeur de marché fin juin 2024, en hausse de 1,7 % par rapport au semestre précédent (2 582 milliards d’euros) et en hausse de 3,6 % par rapport à fin juin 2023 (2 534 milliards d’euros). Cette évolution à la hausse a été limitée par la baisse des marchés au mois de juin.

L’allocation observée sur les actifs des assureurs à fin juin 2024 diffère peu de celle de fin décembre 2023 (cf. Graphique 11). Les obligations souveraines représentent 19 % des placements après mise en transparence, les obligations du secteur financier 27 % et les obligations des sociétés non financières 11 % (contre respectivement 20 %, 27 % et 11 % fin 2023). Les actions et participations représentent 23% des placements. À noter que pour 16% des placements (notamment OPC dont la composition détaillée n’est pas disponible à la date de remise des données réglementaires), il n’est pas possible d’opérer de répartition selon ces catégories par transparence (actions / obligations / …) ; les chiffres indiqués ci-dessus constituent donc un minorant de leur poids final dans les placements des assureurs.

Les assureurs continuent par ailleurs à privilégier des contreparties principalement situées en France ou dans la zone euro (cf. Graphique 12). Une telle stratégie d’allocation d’actifs leur permet de disposer d’une part très importante d’actifs liquides et de bonne qualité (48 %), pour faire face à de potentiels besoins accrus et soudains de liquidité (cf. Graphique 13).

Avec le retour de l’inflation et la remontée des taux, les assureurs ont par ailleurs accru depuis 2023 leur trésorerie et leurs dépôts bancaires (cf. Graphique 14).

Du fait de la hausse des taux d’intérêt au 1er semestre 2024, les moins-values latentes obligataires représentent l’équivalent de -4 % de la valeur d’acquisition du total des placements à fin juin 2024 contre -3% à la fin d’année 2023 (Graphique 15). L’ensemble du portefeuille de placements (obligations, actions hors participations, immobilier, OPC) reste en plus-values latentes à hauteur de 2% du total des placements. Par ailleurs, au sein de leur portefeuille obligataire, les assureurs détiennent d’une manière générale une proportion très majoritaire de titres de bonne qualité, ainsi moins de 1 % des obligations ont une notation inférieure à BBB-.

Les provisions pour dépréciations des assureurs, qui concernent principalement les actions et dans une moindre mesure les actifs immobiliers, restent limitées. Elles ont en effet connu une augmentation en 2023 par rapport à 2022 mais ne représentent qu’environ 1 % des encours (cf. Graphique 16). Cette augmentation concerne notamment les investissements en immobilier, en lien avec la baisse de la valeur de ces derniers lors de la période récente. 

Le taux de couverture du Capital de Solvabilité Requis (CSR) se maintient à un niveau élevé au premier semestre 2024.

Le ratio de solvabilité de l’ensemble des organismes d’assurance s’établit à 246 % fin juin 2024, contre 249 % fin 2023 (cf. Graphique 17). Cette légère diminution concerne tous les types d’organismes, en particulier les bancassureurs qui voient leur ratio diminuer de 8 points de pourcentage au premier semestre 2024, pour s’établir à 238 % fin juin 2023. Le ratio de solvabilité des autres organismes vie et mixtes est passé de 229 % fin 2023 à 224 % fin juin 2024 (cf. Graphique 18), et celui des organismes non-vie est passé de 281 % fin 2023 à 278 % fin juin 2024 (cf. Graphique 19). 

Cette légère diminution du ratio de solvabilité des organismes d’assurance au premier semestre 2024 est portée par le capital de solvabilité requis, c’est-à-dire le dénominateur du ratio, qui augmente légèrement pour les bancassureurs ainsi que pour les autres organismes vie et mixtes et pour les autres organismes non-vie (cf. Graphique 20). On note une légère augmentation des taux sans risque au premier semestre 2024, quelle que soit l’échéance, alors qu’ils avaient diminué entre fin 2022 et fin 2023 (cf. Graphique 21).

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Mise à jour le 7 Janvier 2025