L’activité d’assurance vie est en net recul au premier semestre 2020 (- 26,6 %) par rapport au premier semestre 2019 (cf. Tableau 1).

Le surcroît d’épargne des Français pendant la première phase de confinement ne s’est pas traduit par un accroissement des placements en assurance vie mais à l’inverse par une collecte nette négative depuis mars 2020.

Cette décollecte ne reflète pas une crise de confiance vis-à-vis de l’assurance vie, l’évolution des rachats depuis le début de l’année 2020 restant limitée (cf. Graphique 2). Elle ne s’explique que très modérément par une hausse des sinistres, affichant un pic mensuel de 3,9 milliards d’euros au mois de juin 2020 (cf. Graphique 3). Elle résulte surtout de comportements d’offre de la part des assureurs qui ont privilégié les supports en unités de compte (13,7 milliards d’euros de collecte nette fin juin, soit un niveau proche des deux meilleures années depuis 2011) aux supports en euros. Les arbitrages ont ainsi été majoritairement orientés vers les supports en UC au cours des deux premiers trimestres de l’année 2020 (à hauteur de 2,4 milliards d’euros fin juin) (cf. Graphique 4). Pour sa part, la décollecte nette sur les supports en euros (-19,6 milliards d’euros, sur les six premiers mois de l’année 2020) est la plus marquée depuis 2011 (cf. Graphique 5).

L’impact de la crise sanitaire sur les assureurs non vie est variable en fonction des lignes d’activité.

Prise dans son ensemble, l’activité d’assurance non vie continue de progresser au premier semestre 2020, les primes acquises sur l’activité non vie augmentant de 0,5 % entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2020 (cf. Tableau 2). Le ratio combiné net de l’activité non vie – hors assurance santé – reste inférieur à 96,5 % et celui de l’activité santé s’améliore, atteignant 96,1 % (cf. Graphique 7).

Le confinement a cependant eu des effets significatifs sur quelques branches d’activité, représentant une faible proportion des primes d’assurance non vie. En particulier, la fermeture des hôtels, des restaurants et l’annulation des manifestations culturelles ont provoqué une augmentation des sinistres liés aux pertes d’exploitation. Bien que la majorité des contrats incluent des clauses d’exclusion pour les cas de pandémie, les effets de la crise sanitaire sont visibles sur le solde des flux trimestriels (primes – sinistres – frais) de la ligne d’activité « pertes pécuniaires diverses » qui se dégrade fortement au deuxième trimestre 2020 (cf. Graphique 8).

Les assureurs n’ont pas modifié l’allocation de leurs actifs, malgré les turbulences des marchés financiers.

La crise sanitaire a provoqué une chute des marchés actions qui a eu pour conséquence une diminution importante de la valeur des titres détenus par les assureurs au premier trimestre 2020, baisse en partie compensée au deuxième trimestre, grâce à la reprise des marchés boursiers et aux effets de valorisation sur les obligations. Ainsi, fin juin 2020, l’encours des placements des organismes d'assurance français s'élève à 2 666 milliards d'euros en valeur de marché, en légère hausse (+0,8 % sur un an). Les assureurs n’ont pas modifié leurs portefeuilles d’actifs : avant mise en transparence des parts d’OPC (27 % des placements), les titres obligataires représentent toujours près de 60 % du portefeuille (cf. Graphique 11). La crise, avec la dégradation des notations des obligations, a cependant eu un impact sur la qualité globale des portefeuilles obligataires des assureurs français : la part des obligations dont la notation est inférieure à BBB- est passée de 0,6 % à 0,9 %.

Enfin, la crise sanitaire et ses répercussions sur les marchés financiers n’ont pas fait apparaître de tensions sur la liquidité des assureurs. Ainsi, les actifs liquides et de bonne qualité représentent la moitié des actifs des assureurs vie et mixtes (cf. Graphique 13) et permettent de couvrir l’équivalent de 30 mois de sinistres en moyenne en assurance non vie (cf. Graphique 14).

La solvabilité du secteur reste forte au premier semestre 2020.

Le taux de couverture moyen du Capital de Solvabilité Requis (CSR) du marché français s’établit à 240 % fin juin 2020, alors qu’il s’élevait à 268 % à la fin de l’année 2019, après un plus bas niveau à 214 % atteint fin septembre 2019 (cf. Graphique 15). La dégradation du niveau de solvabilité observée au premier semestre 2020 s’explique notamment par une nouvelle accentuation de la baisse des taux d’intérêt au deuxième trimestre 2020. La courbe des taux d’intérêt sans risque qui avait été soutenue par la correction pour volatilité liée à l’écartement des spreads a retrouvé au deuxième trimestre des niveaux comparables à septembre 2019 (cf. Graphique 17).

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Mise à jour le 16 Janvier 2025