- Accueil
- Publications et statistiques
- Publications
- N° 111 : La situation des assureurs soum...
N° 111 : La situation des assureurs soumis à Solvabilité II en France fin 2019
L’activité des assureurs français a connu une nouvelle année de croissance dans un environnement instable.
Les organismes vie et mixtes ont bénéficié en 2019 d’une collecte en assurance vie dynamique qui s’est maintenue dans un contexte de nouvelle baisse des taux d’intérêt. L’activité vie a progressé de 3,1 % en France, légèrement en deçà de la croissance observée en 2018 (+3,3 % - cf. Tableau 1). La collecte nette sur les supports en euros a atteint son plus haut niveau depuis 2011 pour un montant de 15,3 milliards d’euros en dépit du ralentissement observé au second semestre au profit des supports en unités de compte (UC). Néanmoins, la collecte sur les supports en UC s’inscrit en forte baisse par rapport à 2018 (cf. Graphique 1).
Les primes acquises sur l’activité non vie ont connu une croissance forte en 2019 de 4,7 % (cf. Tableau 2), après 3,3 % en 2018. Le ratio combiné net de l’activité non vie (hors assurance santé) se maintient autour de 98 % mais celui de l’activité santé se dégrade et passe de 96,5 % à 98,7 % en raison de l’augmentation de la sinistralité (cf. Graphique 2).
La solvabilité du secteur reste forte malgré la forte baisse des taux d’intérêt au 2e semestre.
La baisse sans précédent des taux d’intérêt observée à partir du mois de juillet, (les taux d’intérêt de certaines obligations souveraines devenant négatifs au cours du second semestre), a eu un impact significatif sur la solvabilité des organismes, plus particulièrement au troisième trimestre. Le taux de couverture moyen du Capital de solvabilité requis (CSR) du marché français est ainsi passé de 240 % fin décembre 2018 à 214 % fin septembre 2019 (cf. Graphique 11).
Le redressement du niveau de solvabilité de la fin de l’année, 268 % en moyenne, tient à la combinaison de plusieurs facteurs. La légère remontée des taux observée en fin d’année s’est directement reflétée dans l’évaluation du bilan prudentiel en valeur de marché et le calcul des exigences en capital des assureurs. Le redressement de la courbe des taux sans risque d’EIOPA (Graphique 14), utilisée pour l’actualisation des flux futurs dans le cadre de l’évaluation des provisions techniques des assureurs au 4e trimestre permet fin décembre 2019 de retrouver quasiment les niveaux de fin juin 2019. Ce mouvement a allégé les exigences en capital prudentiel. Par ailleurs, plusieurs organismes ont mis en place des mesures pour renforcer leurs fonds propres (via une des augmentations de capital ou l’émission de dettes subordonnées) et se prémunir contre une nouvelle baisse des taux d’intérêt. Enfin, les organismes vie ont bénéficié des dispositions d’un arrêté publié en décembre 2019 prévoyant une modification des règles de comptabilisation de la provision pour participation aux bénéfices dans les fonds propres éligibles en couverture du capital réglementaire. La prise en compte de ces réserves constituées au fil des ans par les assureurs a permis de renforcer en moyenne de 30 points la couverture des exigences en capital.
De nouvelles incertitudes en 2020.
Les placements des organismes d'assurance français qui s'élevaient, fin 2019, à 2 711 milliards d'euros en valeur de marché les exposent aux chocs sur les marchés financiers et à l’évolution des taux d’intérêt intervenus depuis le début de la crise sanitaire.
Les assureurs ont investi environ 10 % de leurs placements en actions ou participations (auxquelles s’ajoutent les actions détenues à travers des organismes de placement collectif), directement affectées par les variations des indices boursiers du début 2020. Les plus-values latentes des organismes, constituées essentiellement sur le portefeuille d’obligations souveraines et d’entreprises (58 % du portefeuille – cf. Graphique 5) s’érodent au fur et à mesure des réinvestissements des obligations arrivant à échéance. Une forte hausse des primes de risques obligataires liée à la crise du COVID-19 exposerait les organismes à une nouvelle réduction des plus-values latentes.
Les assureurs ont traditionnellement une stratégie d’investissement prudente (cf. graphiques 7 et 8) privilégiant les contreparties situées en France ou dans la zone euro (86 %). En termes de secteurs, le secteur bancaire et autres services financiers (37 %) et les administrations publiques (28 %) sont les principales contreparties sur lesquelles le secteur de l’assurance a concentré ses placements. Les expositions sur les secteurs les premiers affectés par la crise du COVID-19 tels que le transport ou l’industrie sont limitées (respectivement 3 % et 4 %). Néanmoins, compte tenu des spécificités de la crise, qui touche toutes les zones géographiques et l’ensemble des secteurs, les effets du choc ne pourront être mesurés que dans la durée.
Au passif de leur bilan, les assureurs devront faire face à une augmentation globale de la sinistralité, qu’il n’est pas encore possible d’évaluer de façon précise. Les incertitudes sont encore fortes sur les branches d’activité qui seront le plus touchées mais les assurances pertes d’exploitation (pertes pécuniaires diverses), l’activité de prévoyance ou encore l’assurance-crédit, qui, fin 2018, représentaient respectivement 1,7 %, 14,4 % et 0,2 % des primes de l’activité d’assurance non vie en France, devraient être directement affectées (cf. Graphique 10), cette proportion étant relativement stable dans le temps.
Télécharger l'Analyse et synthèse N° 111
Mise à jour le 20 Janvier 2025