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N° 104 : La situation des grands groupes bancaires français à fin 2018
En 2018, les six grands groupes bancaires français ont enregistré des résultats résilients dans un contexte de ralentissement de l’économie européenne, de taux bas durables et de turbulences sur les marchés financiers en fin d’année.
Cette performance tient à la fois à des facteurs structurels (modèle d’affaire diversifié) ainsi qu’à un élément conjoncturel (baisse de la pression fiscale).
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Avec un PNB de 147,7 milliards d’euros, les 6 principaux groupes bancaires français enregistrent une croissance de leurs revenus de 0,9 %. On observe toutefois des disparités fortes, à la fois entre banques et lignes métiers. Ainsi, tandis que les revenus des métiers de gestion d’actifs/assurances et de banque de détail sont à la hausse (respectivement +5,6 % et +0,5 %), la banque de financement et d’investissement (BFI) enregistre une baisse de 5,6 %.
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Les frais de gestion augmentent (+2,1 %) plus vite que le PNB, de sorte que le coefficient d’exploitation se dégrade de 0,8 point de pourcentage (pt) à 70,2 %, soit un niveau supérieur à la médiane des grandes banques européennes (64,2 %).
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Le coût du risque agrégé s’inscrit de nouveau en baisse en 2018 (-6,4 %). Rapporté au total de bilan, il se maintient à 0,11 %. Ce repli s’accompagne d’un taux de créances douteuses historiquement bas à 2,8 % contre 3,1 % un an auparavant.
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Le résultat avant impôt cumulé est en baisse de 2 % alors que l’impôt sur les sociétés au titre de l’exercice 2018 enregistre une baisse de 21,2 %, permettant aux banques d’afficher un résultat net total en hausse de 7,2 %. La rentabilité moyenne des actifs, ou RoA, s’affiche en légère hausse à 0,38 %, soit la meilleure performance depuis 2010. Cependant, les grandes banques européennes ont dans le même temps enregistré une croissance plus rapide, leur RoA passant de 0,43 % en 2017 à 0,51 % en 2018.
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Une tendance similaire est observée pour la rentabilité sur capitaux propres, ou RoE, qui s’élève à 6,7 %, en légère hausse (+0,4 point de pourcentage (pt)) par rapport à 2017. Cependant, le ratio s’inscrit en deçà du rendement moyen des capitaux propres des autres grandes banques européennes, en nette progression pour la deuxième année consécutive (+1,1 pt à 7 % en 2018).
Les grandes banques françaises poursuivent le renforcement de la qualité de leurs bilans et de leurs ratios prudentiels tout en anticipant le respect des nouvelles exigences réglementaires :
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Le bilan agrégé des cinq grands groupes s’établit à 6 382 milliards d’euros, affichant une hausse de 4 % entre 2017 et 2018, après la prise en compte de la mise en œuvre de la nouvelle norme IFRS 9. Cette hausse traduit principalement le renforcement des activités de crédit qui continuent de progresser fortement (+8,7 %). Au passif, les émissions de titres de dette (y compris les obligations) augmentent de 5,6 %, reflétant notamment les efforts des banques pour se conformer aux exigences réglementaires en matière de résolution. De même, les capitaux propres part du groupe croissent de nouveau (+2,6 %) entre 2017 et 2018 ; néanmoins, leur part dans le total du passif diminue légèrement, passant de 6,2 % à 6,1 %. Enfin, les actifs et passifs représentatifs d’opérations de marché enregistrent des évolutions contrastées (-0,8 % et +7,1 % respectivement).
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Entre 2017 et 2018, le taux d’encours dépréciés se replie de nouveau, passant de 3,48 % à 3,13 %, évolution principalement portée par les encours de prêts aux sociétés non financières et aux ménages. En 2018, le taux de provisionnement global de ces derniers a légèrement reculé et atteint 54,6 % (soit -1,6 pt sur la période).
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Sous l’effet d’une hausse des fonds propres CET1 (+3 % à 312 milliards d’euros) et d’une hausse des actifs pondérés (+3,3 % à 2 300 milliards d’euros), le ratio de solvabilité CET1 cumulé des 6 groupes bancaires français se stabilise en 2018 à 13,6 %. Le ratio CET1 médian des banques françaises, tiré par les groupes mutualistes, reste toutefois légèrement supérieur à celui d’un échantillon de grandes banques européennes (13,4 % contre 12,9 %).
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Par ailleurs, entre 2017 et 2018, les banques françaises ont légèrement amélioré leurs ratios de liquidité (à fin 2018, le Liquidity Coverage Ratio (LCR) agrégé des 6 groupes s’établit à 132,1 % et le Net Stable Funding Ratio (NSFR) cumulé à 106,6 %).
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Enfin, les banques françaises d’importance systémique mondiale ont pleinement intégré les nouvelles exigences relatives à la capacité totale d’absorption des pertes (TLAC), dont l’application a débuté en 2019 et sera effective pleinement en 2022.
En dépit d’une structure financière solide et d’un profil de risque qui reste favorable, plusieurs points de vigilance sur la situation des principales banques françaises peuvent être relevés :
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L’évolution des coûts d’exploitation reste une préoccupation, les banques françaises se distinguant par une hausse continue de leur coefficient d’exploitation depuis 2015 alors qu’il a fortement baissé en moyenne pour leurs principales concurrentes européennes. Si cette situation s’explique en partie par les surcoûts engendrés par la mise en œuvre de plans de restructuration, elle interroge dans un contexte où d’une part les banques éprouvent des difficultés à accroître ou simplement stabiliser leurs revenus sur leurs métiers traditionnels et où, d’autre part elles doivent consentir des investissements significatifs pour maintenir leurs systèmes informatiques dans un environnement marqué par l’émergence de nouvelles technologies et des menaces de cyberattaques. En tout état de cause, les ajustements des frais de structure ne doivent pas se faire au détriment de la maîtrise des risques, qu’il s’agisse de continuité d’activité ou de la cybersécurité ;
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Les turbulences particulièrement marquées sur les marchés en fin d’année 2018 ont rappelé que le risque d’une résurgence de la volatilité était réel. Ces événements, qui se sont accompagnés d’une nette hausse des exigences en fonds propres au titre des risques de marchés, ont également conduit les banques à passer en revue leurs activités et, pour certaines, à prendre la décision d’en ajuster fortement le périmètre ;
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La faiblesse des revenus peut inciter les banques à accroître leur prise de risque ; les autorités de supervision restent donc attentives aux conditions dans lesquelles elles contribuent à la montée de l’endettement du secteur privé non financier et, en particulier, des entreprises. La mesure prise en 2018 par le Haut Conseil de Stabilité Financière et la mise en œuvre, à compter du 1er juillet 2019, du coussin contracyclique de 0,25 %, dont il est déjà prévu qu’il soit relevé à 0,5 % en avril 2020, s’accompagnent ainsi d’une vigilance toute particulière sur l’exposition des banques à la finance à effet de levier, même si pour l’heure les risques pour les banques françaises sur ce segment paraissent contenus.
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Mise à jour le 20 Janvier 2025