Mesdames et Messieurs,
Le secteur financier est engagé dans une dynamique d’innovation sans précédent. Les nouvelles technologies offrent en effet de vastes opportunités dans le domaine des services financiers, mais elles comportent aussi un certain nombre de risques. Cet impact ambivalent de l’innovation pose des questions évidentes aux banques centrales et aux superviseurs chargés de la stabilité financière : comment assurer le maintien, dans un environnement aussi changeant, de la stabilité financière, ainsi que de la confiance des clients et de l’ensemble des acteurs dans le système financier ? En Europe, une partie de la réponse consiste en une adaptation de nos outils de régulation, afin de tirer le meilleur parti des avantages apportés par l'innovation tout en en contrôlant les risques. Cette approche soulève toutefois des questions : ne risque-t-on pas d'entraver l'innovation, et donc la compétitivité du secteur financier, au nom de la maîtrise des risques ?
J’aimerais ce matin partager avec vous une conviction forte, qui pourra sembler iconoclaste dans le contexte actuel, et peut-être encore davantage dans ce pays : opposer innovation et régulation n’a pas de sens. Jean Monnet, l’un des pères de la construction européenne, avait eu cette formule fameuse : « Rien n’est possible sans les hommes, mais rien n’est durable sans les institutions ». Dans le même ordre d’idées, je souhaiterais dire : « Rien n’est possible sans l’innovation, mais rien n’est durable sans la réglementation ».
C’est particulièrement vrai, me semble-t-il, pour le système financier et je voudrais l’illustrer dans trois domaines critiques pour la sécurité et l’efficacité futures du secteur financier – la finance sur DLT (Distributed ledger technologies), intelligence artificielle (IA) et risques cyber.