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N° 29 : La situation des grands groupes bancaires français à fin 2013
Les banques françaises ont évolué en 2013 dans un environnement qui a globalement marqué des signes d’apaisement, notamment sur le front des dettes souveraines des pays sous stress de la zone euro.
Pour autant, du fait de la poursuite des plans de redressement des comptes publics dans plusieurs pays de l’Union, les conditions macroéconomiques restent encore relativement dégradées sur leurs principaux marchés d’implantation, notamment en Italie et en Espagne.
Dans ce contexte, les six grands groupes bancaires français ont publié des résultats en nette progression, après une année 2012 il est vrai particulièrement difficile :
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le produit net bancaire agrégé s’établit à 136,5 GEUR, en hausse de 1,1 %, tiré par la banque de détail en France ;
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les plans d’adaptation engagés par les établissements ont permis de réduire globalement les frais de gestion de 0,8 % et d’abaisser le coefficient d’exploitation moyen de 1,3 points à 67,9 % ;
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le coût du risque enregistre un repli de 2,7 %, malgré la comptabilisation de provisions pour litiges dans les comptes de SG et de BNPP et l’ajustement, par plusieurs groupes, de leur politique de provisionnement ; ce repli reflète néanmoins principalement la baisse observée sur la banque de financement et d’investissement, le coût du risque continuant de progresser en particulier sur la banque de détail ;
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au final, les six grandes banques françaises ont ainsi dégagé au cours de l’année 2013 un résultat net part du groupe de 18 GEUR, plus de deux fois supérieur à celui de 2012 (8,4 GEUR).
Par ailleurs, les grands groupes bancaires français ont poursuivi le rééquilibrage de leurs bilans et le renforcement de leur structure financière :
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l’ensemble des groupes affiche une solvabilité renforcée avec des ratios Common equity tier 1 full CRD4 supérieurs ou égaux à 10 % ; ils ont en outre tous communiqué des ratios de levier supérieurs à 3 % ;
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leur situation de liquidité a également continué de se renforcer : les réserves immédiates de liquidité, qui ont continué de croître en 2013, couvrent largement les besoins de refinancement à court terme ; de plus, les programmes de refinancement à moyen et long terme de 2013 ont été réalisés au-delà des objectifs, ce qui a permis aux établissements de prendre de l’avance sur leur programme de financement 2014 ; enfin, les ratios crédits / dépôts se sont de nouveau repliés.
Cette amélioration d’ensemble de la situation des principaux groupes bancaires français ne doit cependant pas occulter la persistance de risques importants pesant en premier lieu sur leur rentabilité, au premier rang desquels figurent la persistance de conditions macro-économiques médiocres et le maintien d’une structure de taux défavorable :
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une détérioration de l’environnement économique et social pourrait se traduire par une contraction plus accentuée de la demande de crédit et par une résurgence du coût du risque (en particulier sur la banque de détail) sous l’effet d’une nouvelle dégradation de la qualité des actifs ;
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un redressement brutal des taux d’intérêt de marché à court et moyen terme provoqué par une réappréciation des primes de risque sur les marchés pourrait renchérir le coût de refinancement des banques et induire une poursuite de la pression sur les marges dès lors que cette hausse ne serait répercutée qu’avec retard sur les taux des crédits (la marge nette d’intérêt des 6 principaux groupes bancaires français a reflué de 4,3 % en 2013).
Il convient donc, dans ce contexte, que les objectifs de réduction des coûts annoncés par différentes banques soient tenus.
Enfin, deux autres éléments pourraient rapidement avoir un impact sur le coût du risque des banques françaises :
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à court terme, le comprehensive assessment de la BCE pourrait se solder par des demandes de provisions additionnelles qu’il est aujourd’hui difficile de chiffrer, compte tenu de la méthodologie inédite retenue dans cet exercice (par exemple, examen des actifs basé sur certaines données qui n’avaient encore jamais été collectées et sont susceptibles de poser des problèmes de qualité ou de disponibilité sur certains portefeuilles, utilisation de modèles construits sur ces mêmes données, application d’hypothèses conservatrices en cas de données manquantes, extrapolation des résultats obtenus après échantillonnage, méthodologie de provisionnement collectif différente de celle généralement utilisée par les banques françaises…), même si le positionnement des banques françaises en termes de couverture des engagements douteux apparaît relativement favorable par rapport à leurs concurrentes européennes ;
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à court et moyen terme, les banques françaises pourraient devoir faire face à un accroissement du risque opérationnel dans sa composante risque juridique/conformité, qui concerne l’ensemble du secteur à l’échelle mondiale ; les groupes de l’Hexagone ont ainsi comptabilisé des charges significatives en raison de poursuites en cours ou d’amendes déjà notifiées dans le cadre de plusieurs dossiers (manipulation des indices interbancaires, non-respect des règles d’embargo américaines (OFAC), etc.).
Dans le contexte de mise en place du Mécanisme de Supervision unique, et en lien étroit, à compter de novembre 2014, avec les superviseurs de la Banque centrale européenne, l’Autorité de Contrôle prudentiel et de Résolution (ACPR) continuera à suivre avec une attention particulière l’évolution de la situation de l’ensemble du secteur bancaire français, à commencer par les plus grands groupes, et leur positionnement spécifique au sein du système bancaire européen.
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Mise à jour le 23 Janvier 2025