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N° 148 : La situation des assureurs soumis à Solvabilité II en France fin 2022
La collecte nette en assurance-vie est en retrait en 2022, du fait d’une moindre collecte brute et d’un montant de rachats plus important, concentré sur les supports en euros.
La collecte nette sur les supports rachetables en assurance-vie (hors épargne retraite et assurance-décès), tout en restant positive à 8,4 Milliards (8 Mds) en 2022, s’inscrit en net repli par rapport à 2021 (18,2 Mds). Cette contraction s'explique par le recul, particulièrement marqué au second semestre, de la collecte brute (-4 % sur l’année et -18 % au second semestre) (Cf. Graphique 1). Les rachats ont augmenté de 5 % (Cf. Graphique 2), en raison de la conjoncture économique, des mesures de la loi PACTE pour inciter au transfert vers les Plans d’Epargne Retraite (PER) et de la concurrence d’autres produits d’épargne plus rémunérateurs dans le contexte de hausse des taux d’intérêt. Néanmoins, le ratio moyen rachats/primes reste contenu en 2022 et nettement inférieur au pic observé en 2012 (75 %). La stratégie d’allocation d’actifs des organismes d’assurance-vie leur permet de disposer d’une part très importante d’actifs liquides et de bonne qualité pour faire face à de potentiels besoins accrus et soudains de liquidité (cf. Focus, Graphiques 5 à 7).
Sur les supports euros, la décollecte (-30 Mds) s’accentue par rapport à 2021 (-13 Mds) en raison d’une hausse des rachats (+9 %) et du repli des primes sur ces supports (-3 %). En dépit d'un montant de primes plus faible (-4 %) par rapport à 2021 (Cf. Graphique 1), les supports en unités de compte enregistrent un montant de collecte nette positif de 38,2 Mds, soit une hausse de 25 % par rapport à 2021. Les supports en unités de compte tirent également leur dynamisme des arbitrages largement favorables à ces supports (Cf. Graphique 3), avec un transfert en 2022 d’un montant de 4,4 Mds.
En 2022, l’activité d’assurance non vie a progressé mais l’inflation et les catastrophes naturelles ont pesé sur la sinistralité de certaines activités.
Les primes acquises d’assurance non vie en affaires directes ont augmenté de 5,5 % entre 2021 et 2022 (cf. Tableau 2). Les sinistres d’assurance non vie en affaires directes ont pour leur part connu une forte progression en 2022, à hauteur de 13,6 % entre 2021 et 2022 (cf. Tableau 2). La hausse des primes d’assurance non vie est répartie sur la plupart des lignes d’activité (cf. Tableau 3), alors que la forte augmentation des sinistres est portée principalement par l’assurance automobile et par les incendies et dommages aux biens (cf. Tableau 4). L’augmentation des sinistres en affaires directes s’établit à +13,9 % pour l’assurance automobile et +31,8 % pour les incendies et dommages aux biens. La hausse des prix affecte les coûts de sinistres de ces deux lignes d’activité, notamment celle des pièces détachées en assurance automobile, des matériaux dans la construction et plus globalement la hausse du coût de la main d’œuvre. Les catastrophes naturelles (chutes de grêles, sécheresses) ont par ailleurs marqué l’année 2022 en France, pesant fortement sur les sinistres d’incendie et dommages aux biens.
Concernant l’activité de santé non vie, les primes en affaires directes ont augmenté de 6,0 % entre 2021 et 2022 (cf. Tableau 3) et les sinistres en affaires directes ont enregistré une progression plus modérée (5,5 %) (cf. Tableau 4).
Le ratio combiné de l’ensemble des lignes d’activité non vie s’en trouve détérioré, passant de 96,2 % fin 2021 à 100,0 % fin 2022 mais avec des évolutions contrastées. Le ratio combiné de la santé s’améliore de 100,8 % à 98,3 %, alors que le ratio combiné de la non vie hors santé se dégrade de 97,0 % à 103,7 % (cf. Graphique 9).
L’allocation de l’actif des assureurs a évolué en raison des effets de valorisation.
Les placements des organismes d'assurance français s’élèvent à 2 471 milliards d'euros en valeur de marché à fin décembre 2022, en baisse de 12,2 % par rapport à fin décembre 2021 (2 814 milliards d’euros).
La valeur de certaines classes d’actifs a connu des évolutions importantes au cours des 4 derniers mois en raison de la remontée des taux et de la volatilité des marchés actions. Ainsi, les encours d’obligations diminuent depuis plusieurs trimestres, plus particulièrement les obligations souveraines et dans une moindre mesure les obligations du secteur financier et les obligations de sociétés non financières. Contrairement aux trimestres précédents, depuis le début de l’année 2022, cette baisse n’a pas été compensée par un effet valorisation à la hausse des encours en actions et des fonds d’investissement. L’allocation observée sur les actifs des assureurs fin décembre 2022 diffère donc légèrement de celle de fin juin 2022. Les obligations souveraines représentent 21 % des placements après mise en transparence, les obligations du secteur financier 25 % et les actions 11 % (contre respectivement 23 %, 25 % et 11 %) (cf. Graphique 12). Les assureurs continuent par ailleurs à privilégier des contreparties principalement situées en France ou dans la zone euro (cf. Graphique 13).
Du fait de la remontée des taux d’intérêt, les obligations étaient fin 2022 en situation de moins-value latente de l’ordre de -8 % en moyenne. Des plus-values latentes étaient en revanche toujours constatées en moyenne sur les actions et l’immobilier (cf. Graphique 14).
Par ailleurs, le contexte inflationniste agit sur les rendements relatifs des actifs. Les rendements des actions, des organismes de placements collectifs et de l’immobilier peuvent évoluer en fonction du niveau de l’inflation mais les revenus des actifs obligataires sont fixes dans la grande majorité des cas. En effet, les obligations zéro-coupon et à taux fixe représentaient 84 % du portefeuille obligataire fin 2022 contre seulement 11 % pour les obligations à taux variables et 3 % pour les obligations indexées (qui ont des taux de coupons qui suivent certains indices comme par exemple l’indice des prix) (cf. Graphique 15). Enfin, les assureurs français présentent une exposition infime aux établissements bancaires ayant connu des difficultés au cours du premier semestre 2023 (Crédit Suisse, Silicon Valley Bank et plus généralement les banques régionales américaines).
Le taux de couverture du Capital de Solvabilité Requis (CSR) des organismes d’assurance s’est légèrement détérioré en 2022.
Le ratio de solvabilité de l’ensemble des organismes d’assurance s’établit à 247 % fin 2022, contre 253 % un an auparavant (cf. Graphique 16). La situation diffère selon le type d’organismes : le ratio de solvabilité moyen des organismes vie et mixtes, hors bancassureurs, a diminué de 10 points de pourcentage entre 2021 et 2022 (cf. Graphique 17), alors que le ratio de solvabilité moyen des organismes non-vie, hors bancassureurs, a augmenté de 10 points de pourcentage sur la même période (cf. Graphique 18).
Certains assureurs vie ont procédé à des reprises sur la provision pour participation aux résultats entraînant une diminution des fonds excédentaires et donc des fonds propres éligibles à la couverture du CSR en 2022 (cf. Graphique 19). La baisse du ratio de solvabilité pour les organismes vie s’explique également par la hausse du CSR (i.e. du dénominateur du ratio de solvabilité), en particulier du module pour risque de rachats qui augmente significativement en 2022 (cf. Graphique 20).
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Mise à jour le 8 Janvier 2025