La collecte brute tous supports s’élève à 71,3 milliards d’euros (cf. Graphique 1), soit un montant en hausse de +2,7 Mds € (+3,9%) par rapport à la même période en 2022, portée par la collecte sur les supports en euros qui s’établit à 41 milliards d’euros (+2,5 Mds € /+6,3 %). La collecte sur les supports en unités de compte atteint 30,3 milliards d’euros (+0,8 %).

Les rachats se sont toutefois accrus au premier semestre 2023 pour atteindre 43,9 milliards d’euros tous supports confondus (cf. Graphique 2), soit 24 % de plus qu’au premier semestre 2022. Ils enregistrent une progression aussi bien sur les supports en unité de compte (+22 %) que sur les supports en euros (+32 %) par rapport à la même période en 2022. Le ratio rachats sur primes s’élève au premier semestre 2023 à 62 %, un niveau légèrement supérieur à la moyenne de long terme (2011- 2022) à 59 %, mais très en-deçà du pic historique enregistré au second semestre 2011 (86 %). Le montant des sinistres du premier semestre 2023 progresse et s’établit à 24 milliards d’euros (+4,8 % par rapport au premier semestre 2022). Comme l’année précédente, l’évolution des sinistres enregistrée au premier trimestre est imputable au pic de mortalité survenu en fin d’année précédente du fait de la grippe hivernale (cf. Graphique 3).

La collecte nette sur les supports rachetables en assurance-vie est de 3,4 milliards d’euros au premier semestre 2023, en baisse de 67,4 % par rapport au premier semestre 2022 (10,3 milliards d’euros) (cf. Graphique 5). Elle est soutenue par la collecte sur les supports en unités de compte (20,9 milliards d’euros sur la période), toutefois en recul de 5% par rapport à 2022. Comme au premier semestre 2022, les arbitrages sont en faveur des supports en unités de comptes (4,1 milliards d’euros), en progression par rapport au premier semestre 2022 (+ 1,6 milliard d’euros) (cf. Graphique 4). Au premier semestre 2023, la décollecte sur les supports en euros est plus importante (-17,5 milliards) que pour le premier semestre 2022 ( -11,7 milliards d’euros) mais s’améliore légèrement par rapport au deuxième semestre 2022 (-18,1 milliards d’euros).

L’activité d’assurance non vie continue sa progression au premier semestre 2023.

Les primes acquises d’assurance non vie en affaires directes ont augmenté de 6,4 % entre le premier semestre 2022 et le premier semestre 2023 (cf. Tableau 2). Les sinistres d’assurance non vie en affaires directes, pris dans leur ensemble, ont également augmenté de 6,4 % sur la même période (cf. Tableau 2). La hausse du volume des primes et des sinistres s’observe sur toutes les lignes d’activité de l’assurance non vie, sauf sur l’assurance automobile et l’assurance-crédit pour les sinistres (cf. Tableau 3 et 4).

Concernant l’activité de santé non vie, les primes et les sinistres en affaires directes augmentent très significativement entre le premier semestre 2022 et 2023, de respectivement 6,9 % et 8,1 % (cf. Tableaux 3 et 4). Cette évolution est en particulier liée à la forte augmentation des remboursements d’audioprothèse, d’optique et de médicaments (cf. Les dépenses de santé en 2022, DREES).

Le ratio combiné de l’ensemble des lignes d’activité non vie s’établit à 97,7 % fin juin 2023 après 100% fin 2022 (cf. Graphique 8). C’est le ratio combiné de l’assurance non vie hors santé qui porte cette amélioration, passant de 103,7 % fin 2022 à 98,5 % fin juin 2023, alors que le ratio combiné de la santé (vie + non vie) est passé de 98,3 % à 100,9 % sur la même période.

Le ratio combiné de l’activité non vie s’est amélioré au premier semestre 2023 en France, alors qu’il s’est dégradé dans les autres principaux pays européens.

Les sinistres de l’assurance non vie avaient fortement augmenté en 2022 en France sous l’effet de l’inflation, se traduisant par un ratio combiné de 100,0 % fin 2022 supérieur aux autres grands pays européens (cf. Graphique 8). Ce ratio combiné avait moins augmenté voire diminué pour les autres principaux pays européens, qui présentaient pourtant une inflation plus forte en 2022 (cf. Graphique 9). Au premier semestre 2023, le ratio combiné de la France diminue et s’établit à 97,7 %, alors que celui de l’Allemagne, des Pays-Bas, de l’Italie et de l’Espagne progresse (cf. Graphique 8).

L’allocation de l’actif des assureurs à fin juin 2023 diffère peu de celle de fin décembre 2022.

Les placements des organismes d'assurance français s’élèvent à 2 534 milliards d'euros en valeur de marché fin juin 2023, en hausse de 2,6 % par rapport au semestre précédent (2 471 milliards d’euros) et en baisse de 4,8% par rapport à fin juin 2022 (2 662 milliards d’euros).

La valeur de certaines classes d’actifs a connu des évolutions importantes au cours de l’année 2022 en raison de la remontée des taux et de la volatilité sur les marchés actions. En revanche, l’allocation observée sur les actifs des assureurs à fin juin 2023 diffère peu de celle de fin décembre 2022. Les obligations souveraines représentent 21% des placements après mise en transparence, les obligations du secteur financier 26% et les obligations des sociétés non financières 11% (contre respectivement 21%, 25% et 11%) (cf. Graphique 12).

Les assureurs continuent par ailleurs à privilégier des contreparties principalement situées en France ou dans la zone euro (cf. Graphique 13). Une telle stratégie d’allocation d’actifs leur permet de disposer d’une part très importante d’actifs liquides et de bonne qualité (47%), pour faire face à de potentiels besoins accrus et soudains de liquidité (cf. Graphique 14).

Du fait de la remontée des taux d’intérêt sur l’année 2022, les obligations sont en situation de moins-value latente de l’ordre de -8% en moyenne fin juin 2023 comme fin décembre 2022. Des plus-values latentes sont toujours constatées sur les actions +32% et l’immobilier +31% (contre respectivement 30% et 33%) (cf. Graphique 15).

Par ailleurs, le contexte inflationniste agit sur les rendements relatifs des actifs. Les rendements des actions, des organismes de placements collectifs et de l’immobilier peuvent évoluer en fonction du niveau de l’inflation mais les revenus des actifs obligataires sont fixes dans la grande majorité des cas. En effet, les obligations zéro-coupon et à taux fixe représentent 83% du portefeuille obligataire fin juin 2023 contre seulement 12% pour les obligations à taux variables et 3% pour les obligations indexées (qui ont des taux de coupons qui suivent certains indices comme par exemple l’indice d’évolution des prix) (cf. Graphique 16). Depuis fin juin 2022, avec le retour de l’inflation et la remontée des taux, les assureurs ont accru leur trésorerie et leurs dépôts. Ces opérations visent vraisemblablement à faire face à des sinistres pour l’assurance non-vie et des rachats pour l’assurance-vie potentiellement plus importants (cf. Graphique 17).

Le taux de couverture du Capital de Solvabilité Requis (CSR) augmente au premier semestre 2023.

Le ratio de solvabilité de l’ensemble des organismes d’assurance s’établit à 255% fin juin 2023, contre 247% fin 2022 (cf. Graphique 19). Cette amélioration concerne tous les types d’organismes, à l’exception des organismes d’assurance non vie, qui voient leur ratio passer de 290 % fin 2022 à 289 % fin juin 2023. Le taux de couverture moyen du CSR des bancassureurs a augmenté de 15 points de pourcentage entre fin 2022 et fin juin 2023, et celui des autres organismes vie et mixtes est passé de 216 % fin 2022 à 224 % fin juin 2023 (cf. Graphique 20).

Cette amélioration du ratio de solvabilité des organismes d’assurance au premier semestre 2023 est portée par le numérateur du ratio, c’est-à-dire les fonds propres éligibles à la couverture du CSR (cf. Graphique 21). L’augmentation des fonds propres est liée à une légère baisse des taux sans risque sur les échéances de moyen-long terme au début de l’année 2023, après une augmentation rapide en 2022 (cf. Graphique 22).

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Mise à jour le 8 Janvier 2025