Audition du Gouverneur de la Banque de France face à la commission des finances du Sénat (27/1/21)

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banquedefranceBanque de FrancexGfw4h04H_o02/21/2021 - 20:29I. La conjoncture et la situation des entreprises Face à la crise Covid, les pouvoirs publics ont rapidement déployé un « pont de financement » pour aider les entreprises, notamment les TPE et PME, et à travers elles l’ensemble de leurs salariés et des ménages (slide 2). Contrairement à ce qui a été parfois dit, le soutien budgétaire effectif est en France au moins comparable à celui de nos voisins européens, et supérieur à celui de l’Allemagne. Les PGE, avec 130 Mds€ accordés, sont un incontestable succès français. D’après les analyses de la Banque de France, à fin novembre, l’endettement brut cumulé des entreprises avait augmenté de 13 % par rapport à fin 2019 (+215 milliards d’euros), même si cette hausse est globalement presque compensée par une augmentation significative de leur trésorerie (+197 milliards d’euros). Pour éviter que cet endettement ne fragilise les entreprises, il faudra donc passer d’une action générale en liquidité à une phase sélective en solvabilité, ciblant les entreprises économiquement viables mais financièrement fragilisées par la crise. Le dispositif public de quasi-fonds propres est là, avec les montants suffisants (20 milliards d’encours avec 30 % de garantie publique). J’ai à cet égard deux souhaits : mieux vaudrait expérimenter plusieurs instruments en parallèle, non seulement prêts participatifs mais aussi obligations subordonnées et d’autres. Et non seulement banques, mais aussi assurances et fonds. Par ailleurs, que chacun des financiers-distributeurs soit aussi co-investisseur, avec une part de risque privé – certes minoritaire – gardée en propre. Si ce devait être 100 % de risque public, nous manquerons la nécessaire sélectivité fondée sur une exigence non seulement budgétaire mais aussi, mais surtout, de productivité économique. II. Comment traiter la dette publique ? La dette – cette-fois la dette publique – préoccupe légitimement nos concitoyens. D’abord, l’annulation de la dette publique est une illusion séduisante mais ce n’est pas une solution. Un prêteur, privé ou public, qui ne serait plus remboursé, ne prêtera plus. De manière plus spécifique, l’annulation de la dette publique détenue par la BCE et la Banque de France reviendrait à financer directement les États, ce qui est interdit par le « pacte de confiance » fondateur de l’euro dans lesquels la France s’est engagée. En l’absence de consensus pour modifier ces traités, vouloir annuler les dettes signifierait quitter l’euro. Dès lors, quel chemin vers le désendettement ? Sur la photographie de départ, d’ici 2022, la dette publique atteindrait 120 % du PIB : dans notre scénario central. Le « sac à dos » des jeunes pèse ainsi aujourd’hui deux fois plus lourd qu’il y a vingt ans, et six fois plus lourd qu’il y a quarante ans. Dans des conditions économiques revenues à la normale, il faut d’abord que le déficit public revienne autour de 3 % du PIB : alors seulement, l’effet favorable du différentiel entre le taux de croissance et le taux d’intérêt permettra de stabiliser notre dette publique en % du PIB. Pour commencer à la réduire, après la sortie de crise et à partir de 2023, nous aurons besoin de trois ingrédients : le temps, en nous donnant si possible une perspective décennale ; la croissance, aidée par les réformes ; mais aussi, enfin une meilleure maîtrise de nos coûts publics, dépenses comme baisses d’impôts. III. L’engagement durable de la Banque de France dans les territoires Entre 2012 et 2019, le nombre de billets utilisés dans les paiements de proximité a diminué de près de 20 %, et sur la seule année 2020, les billets reçus à nos guichets ont baissé de près de 25 %. Mais je tiens à donner ici trois garanties : la première vis-à-vis de nos collaborateurs que nous accompagnerons vers d’autres activités : il n’y aura aucun départ contraint pour les 134 concernés. C’est une adaptation socialement responsable. La seconde quant à nos missions. Nous maintenons en 2022 23 caisses, entre une et trois par région, car nous entendons rester au cœur de la filière fiduciaire, et garantir aux Français la liberté de choix de leurs moyens de paiement, partout. La Banque de France n’abandonnera jamais les espèces : elles sont particulièrement adaptées aux besoins des populations financièrement fragiles. La troisième garantie, essentielle, porte sur notre présence dans tout le territoire : nous ne quittons aucune ville à l’occasion de cette adaptation ; nous resterons durablement présents dans chaque département, avec 106 implantations permanentes, pour toutes nos activités de soutien aux entreprises et aux particuliers.https://www.youtube.com/embed/xGfw4h04H_o
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