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N° 123 : La situation des grands groupes bancaires français à fin 2020
La pandémie liée au Covid-19 a provoqué un choc économique sans précédent dans le monde : ainsi le Produit intérieur brut a enregistré une chute de 7,9% en France en 2020, pénalisé notamment par les mesures de confinement prises au printemps.
L’ampleur des politiques publiques de soutien à l’économie a toutefois permis d’amortir fortement l’impact de la crise sanitaire, comme l’illustre le nombre très faible de défaillances d’entreprises enregistrées en France en 2020.
Dans ce contexte, les banques ont répondu rapidement et massivement aux importants besoins de financement des acteurs économiques, d’abord via les tirages de lignes de crédit ou par des rachats de titres de dettes détenus par les fonds monétaires, puis en octroyant aux entreprises des prêts garantis par l’État (PGE). Elles ont également contribué activement au financement des ménages, en maintenant par exemple une production de crédits à l’habitat en France équivalente à celle de 2019, qui était historiquement élevée. Au total, la taille des bilans des banques françaises a crû de façon marquée en 2020 sous l’effet d’une distribution de crédit très dynamique en réponse à la crise.
Dans le même temps, le fort ralentissement de l’activité a provoqué une érosion des revenus ainsi qu’une hausse du coût du risque des banques françaises ; le coût du risque partait toutefois d’un niveau très bas et s’est principalement accru sous l’effet du provisionnement des pertes attendues constitué conformément aux dispositions d’IFRS9, le provisionnement des expositions présentant un risque de crédit avéré ayant été limité. Pour autant, les portefeuilles de crédit n’ont à ce stade enregistré qu’une dégradation limitée : si le taux de prêts non performants a continué de décliner en 2020, les expositions présentant une augmentation significative du risque de crédit ont en revanche progressé. Cela n’est pas particulièrement lié à la sortie des moratoires qui ont pu être accordés au printemps 2020 pour une durée de six mois. Au total, les banques françaises sont donc parvenues à maintenir des résultats positifs et achèvent l’année 2020 avec une solvabilité et une liquidité renforcées par rapport à fin 2019.
Si les premiers signaux en sortie de crise paraissent également plutôt rassurants, le retrait progressif des mesures de soutien public nécessite un suivi rapproché de l’évolution de la qualité des portefeuilles de crédit. À cet égard, le test de résistance conduit actuellement par l’Autorité bancaire européenne (European Banking Authority – EBA), donnera des indications utiles sur la capacité des banques françaises et européennes à résister à un nouveau choc économique important.
Par ailleurs, la situation conjoncturelle ne doit pas éclipser les risques plus structurels auxquels les banques françaises restent exposées comme la plupart de leurs concurrentes européennes : les banques doivent agir via les leviers qui sont à leur disposition pour améliorer leur profitabilité (investissements numériques, consolidation transfrontière) ; de même les nouveaux risques liés aux systèmes d’information et au changement climatique nécessitent une forte mobilisation, tant individuelle que collective. L’exercice pilote sur le changement climatique conduit par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), dont les résultats ont été publiés le 5 mai 2021, met ainsi en lumière l’importance des impacts à long terme des risques climatiques pour certains secteurs d’activités, même si les banques françaises y seraient modérément exposées. L’analyse mérite toutefois d’être complétée dans la mesure où ces premières conclusions dépendent largement des hypothèses retenues et des modèles utilisés.
Télécharger l'Analyse et synthèse N° 123
Updated on the 9th of January 2025